Chez l’Espérance. Jeanne Cordelier.

Le malheur, ça s’attrape comme une maladie. Et Simone l’a attrapé très jeune quand elle se prostituait, enfermée au fond d’une cour par une vieille maquerelle. Elle s’appelait Anna à cette époque. Elle ne comprit pas que Gaspard, un routier surgi une nuit, pouvait la sauver. Ce même Gaspard au douloureux visage en bec-de-lièvre pourra-t-il sauver Lili, la soeur de Simone échouée avec elle dix ans plus tard au bar de L’Espérance ? Lili se réfugie dans une niche à chiens. Elle lit Tchekhov, espérant ainsi échapper aux ivrognes du bar, à Michou, le jeune pédéraste qui ne se remet pas de la mort de sa mère, à Dédé qui rêve de posséder Simone, à Muguette qui couche avec le mercier pendant que son mari agonise dans la pièce à côté. Ce monde de paumés, au bord de la route, Jeanne Cordelier le connaît et le sent bien. Elle sait, avec un immense talent, faire entendre le bruit d’un coeur qui souffre et désespère. Nous sommes accoudés au bar de L’Espérance et nous attendons. Mais qu’y a-t-il à attendre ?